Comment se déroule la thérapie ?
Chaque praticien en écopsychothérapie a sa façon personnelle d’accompagner le processus de ses patients, cependant nous pouvons décrire un parcours « type » :
Au cours des premières séances, le thérapeute accueille le patient dans son cabinet. Il l’écoute, lui laisse le temps de parler de ce qui le travaille, de ce dont il a besoin. Le patient peut partager ses émotions les plus douloureuses dans la sécurité de ce lien.
Alors séance après séance, le patient se rapproche de lui-même, se découvre. C’est dans ce deuxième temps que le thérapeute lui propose la séance itinérante en espace naturel.
Au dehors, la séance de psychothérapie fonctionne de la même façon qu’au cabinet, mais un troisième acteur est là : le monde vivant. Le face à face devient un côte à côte : le thérapeute propose au patient qu’il chemine librement dans le parc en se laissant attirer par les endroits qui le touchent, qui lui parlent. Quand le patient explore ce paysage, c’est lui-même qu’il découvre.
Quand se relier au dehors relie au dedans
Par exemple, cet arbre aux branches tourmentées lui rappelle une blessure, et l’aide à parler de son histoire. Mais il y a aussi celui là, qui ressemble à ce qu’il voudrait être : il s’en approche, s’en inspire. Quand il s’allonge dessous, il trouve un chemin vers ses racines à lui. Ces expériences l’aident à mieux sentir son corps et toute la vitalité qu’il contient. Il retrouve progressivement le contact avec une sensation endormie : son énergie de vie.
Le patient souhaite parfois revenir à l’intimité du cabinet, pour évoquer un sujet délicat… Avant de choisir de retrouver la nature, transformée par le changement des saisons. C’est lui qui compose, pendant plusieurs mois, un chemin thérapeutique riche et complexe, entre dedans et dehors.
Sentir sa place dans le vivant
Il arrive que le patient rencontre ses peurs au contact de certains animaux, plantes, matières, situations… Le thérapeute l’accompagne dans la traversée de ces sensations ou émotions inconfortables : rencontrer le vivant, c’est aussi apprivoiser ses propres évitements, pour aller vers plus de liberté. Il peut aussi arriver qu’en parcourant ces vastes paysages, le patient questionne sa place dans l’univers. En écoutant les sons des oiseaux, en se laissant toucher par le vent, il retisse alors des liens qui lui font sentir son appartenance à ce monde : il se sent plus enraciné dans cette vie, dans sa vie.
Pour faire évoluer plus vite ses relations sociales, peut-être aura t-il envie de participer quelques temps à un groupe thérapeutique qui se retrouve régulièrement en forêt. Alors avec d’autres participants, il ira explorer la forêt, la rivière, au soleil ou autour du feu : il expérimentera comment le contact avec la nature peut renouveler sa relation aux autres humains. En effet l’écopsychothérapie est particulièrement indiquée pour le travail groupal, car les autres participants peuvent être des points d’appuis pour oser rencontrer la nature intimement ; mais l’inverse est vrai aussi : le ressourcement vécu en solo dans la nature peut être un point d’appui pour oser rencontrer les autres humains avec plus d’authenticité.
Soi, l’autre, le monde
Concrètement, le patient prend confiance en ce qu’il sent dans son corps et dans son cœur, et ose plus l’exprimer. Il crée une nouvelle façon d’être avec les autres.
Au fil de l’année qui vient de s’écouler, les séances en extérieur l’ont aidé à retrouver ce qu’il a au fond de lui-même : son attachement viscéral à la vie, son identité.
Chaque processus psychothérapeutique est unique et riche de découvertes. Mais l’exemple de ce parcours « type » dessine une approche de la psychothérapie qui, en s’appuyant d’abord sur une relation humaine sécure, fait une place au contact avec le monde vivant, dans le respect du rythme du patient.
Questions fréquentes :
– En extérieur, que devient le cadre de la psychothérapie ? Le patient est-il en sécurité ?
Le cadre des séances au parc ou en forêt est le même qu’au cabinet : essentiellement défini par la confidentialité, le respect de la distance professionnelle et le non-jugement. Le thérapeute est garant de ce cadre, qu’il explique au patient. La seule différence consiste en l’éventualité que le patient soit aperçu par un promeneur. Si le patient considère cette éventualité comme acceptable, alors la sécurité est installée.
– L’écopsychothérapie, c’est pour moi ? Ça s’adresse à quel type de personnes ?
Tout comme chaque praticien en psychothérapie a sa vision du public qu’il peut recevoir, chaque praticien en écopsychothérapie peut évaluer avec vous si votre demande peut correspondre à son cadre. Un entretien téléphonique préalable peut permettre de le vérifier. De façon générale nous pouvons tout de même suggérer que cette approche ne présente pas de contre-indication autre que les situations de psychose, qui peuvent nécessiter un cadre particulièrement contenant. Les autres types de situations (angoisse, dépression, mal-être, conflits relationnels, burn-out, deuil, besoin de mieux se connaître, de s’orienter…) peuvent à priori être accompagnées en écopsychothérapie, d’autant plus que le processus alterne séances au cabinet et séances en espace naturel en fonction de votre état.
– Doit-on avoir des convictions écologistes pour pouvoir vivre une écopsychothérapie ?
Non. Cette approche se situe en dehors de toute croyance ou de tout militantisme. Le patient vient pour vivre son processus personnel de soin psychique, à partir de sa demande, et pas pour faire évoluer sa relation à la nature comme dans l’écopsychologie. Mais bien sur, il se peut que les relations intimes qu’il va vivre avec des espaces naturels l’amène à percevoir le monde vivant d’une façon renouvelée.
– Et si j’ai peur du contact avec la boue, les plantes piquantes, les insectes ?
C’est vous qui créez votre chemin dans le paysage naturel, tout comme vous créez votre chemin de parole au cabinet. Vous pouvez bien sur choisir d’éviter les endroits qui éveillent pour vous peur ou inconfort. Mais le rôle du thérapeute est aussi de questionner ces évitements, car ils peuvent parfois exprimer des mémoires de situations pénibles qui restent actives et empêchent de vivre librement le présent. C’est pleinement le sujet de la psychothérapie. Si vous faites le choix d’apprivoiser, à votre rythme, certaines de vos peurs et anxiétés, cela peut vous amener à vivre une traversé libératrice.
– Combien de temps ça dure ?
Comme pour les psychothérapies en cabinet, les processus d’écopsychothérapie ont une durée qui varie en fonction du besoin et de la demande du patient. Cela peut être un travail sur soi en profondeur, qui demande au moins plusieurs mois pour que la personne se rencontre, sente ce qu’elle a envie de faire évoluer et crée une nouvelle façon d’être au monde. Cependant il est possible aussi de venir avec l’envie d’une expérience brève, pour « goûter » à une autre façon de se relier à soi. La fréquence des séances est à décider en accord avec le thérapeute.
– Le premier rendez-vous se passe dehors ou dedans ?
Cela dépend des praticiens. Mais bien que certains ne travaillent qu’en extérieur, la plupart des écopsychothérapeutes proposent un processus qui alterne séances au cabinet et séances en espace naturel.